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Madagascar : retour au pouvoir d’Andry Rajoelina

À 44 ans, Andry Rajoelina signe son retour sur la Grande Île. Au pouvoir entre 2009 et 2014 après la démission de Marc Ravalomana, il a été déclaré mercredi vainqueur de la présidentielle face à son grand rival avec 55,66 % des suffrages.

« La victoire est à nous ! » se réjouissait jeudi 27 décembre l’un des proches d’Andry Rajoelina. L’ancien chef de l’État est crédité de 55,66 % des voix à l’issue du second tour très disputé de l’élection présidentielle face à son grand rival Marc Ravalomana (44,34 %). Mais dans les faits, dans le camp d’Andry Rajoelina, on attend encore les résultats complets de la Ceni, qui doivent être confirmés dans la foulée par la Haute cour constitutionnelle.

Si les résultats se confirment, ce résultat marque la victoire ultime pour Andry Rajoelina qui, à 44 ans, redevient l’homme fort de la Grande Île. Cette fois-ci, par la voix des urnes. En 2009, quand ce jeune homme de 34 ans aux traits lisses avait prêté serment, il était alors le président de la Transition à Madagascar. Sans avoir été élu, il restera à la tête du pays pendant cinq ans.

Homme pressé

Autant dire que les Malgaches connaissent bien Andry Rajoelina, qui s’est longtemps fait appeler TGV (Train grande vitesse) en référence à son ascension fulgurante. Avant de se lancer en politique, ce fils de colonel, issu d’une famille de classe moyenne, s’illustre dans sa jeunesse comme DJ dans des soirées branchées de la capitale. Il évolue  rapidement vers le milieu des affaires et l’évènementiel. Avec succès. En 2001, le magazine L’Eco austral le désigne  « manageur de l’année » de l’océan Indien. Il succède alors à un certain Marc Ravalomana.

Porté par l’ambition, et doté d’un bon sens de la communication, TGV se tourne vers la politique et convoite dès 2007 la mairie d’Antananarivo. Avec le soutien de sa propre télévision et l’appui des jeunes électeurs, il est élu, à 33 ans, maire de la capitale et s’impose rapidement comme le chef de file de l’oppostion face au président Marc Ravalomana.

Le bras de fer entre les deux hommes est lancé. Dès la fin de l’année 2008, ses partisans défient le pouvoir dans la rue. Les manifestations violentes font, en trois mois, 135 morts, et poussent le président Marc Ravalomanana à la démission.

Mesures populistes

Dans la foulée, des généraux transmettent, sous la pression de l’armée, le pouvoir à Andry Rajoelina qui s’était autoproclamé président de la « Haute Autorité de transition ». « Ce n’est pas du tout un coup d’État, le pouvoir appartient à la population, c’est elle qui donne le pouvoir et qui reprend le pouvoir », se défend-il alors. L’ascension se poursuit.

« Nous proclamons la fin de la dictature, du gaspillage de l’argent dans les finances publiques, des mensonges et des fausses promesses, des exclusions et de la pensée unique qui ont pendant trop  longtemps étouffé notre vie politique », lance-t-il alors. Parmi ses premières mesures populistes figure la construction de logements sociaux, de salles omnisports, de centres d’exposition et de salles de théâtre, ainsi que la subvention de produits de première nécessité dans les quartiers défavorisés. Andry Rajoelina doit rapidement faire face au manque d’argent et aux tentatives de coup d’État qui ponctuent ses quatre années au pouvoir.

En 2013, le chef de l’État sortant est contraint de ne pas se représenter à l’élection présidentielle, tout comme Marc Ravalomana, dans le cadre d’un accord de sortie de crise validé par la communauté internationale. Il se fait alors discret et s’établit en France quelques années.

« Miami » malgache

En 2018, Andry Rajoelina revient sur l’île avec une idée en tête : prendre à nouveau le pouvoir. Pour convaincre la population malgache, il renoue pendant la campagne avec des propositions populistes, en s’engageant à construire des toilettes publiques parfumées. En meeting à Toamasina (est), il promet de transformer la ville portuaire en « Miami » malgache.

La société civile redoute surtout qu’il ne brade les richesses naturelles du pays, dont le fameux bois de rose, et s’interroge sur l’origine de ses importants moyens financiers. « Il est inconstant, manipulable, et ne cherche plus qu’à profiter de ses prérogatives », critique Monja Roindefo, son ancien Premier ministre et compagnon de lutte.

Pour s’imposer, il saura aussi y mettre le prix : arrivée à un meeting en hélicoptère, écran géant, stars de la chanson présents à ses shows politiques. Cette profusion d’argent a donné de l’espoir à ses concitoyens. TGV aura, finalement, su patienter pour être à nouveau au sommet.

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