Des milliers de Libériens ont assisté lundi dans une ambiance euphorique à la cérémonie d’investiture de leur nouveau chef de l’Etat, la légende du football George Weah, première passation de pouvoirs entre deux présidents élus depuis 1944.
La cérémonie de prestation de serment, se déroulait dans le stade Samuel Kanyon Doe, dans la périphérie de la capitale Monrovia, une enceinte de 35.000 places pleine à craquer.
Tôt le matin, des files de plusieurs kilomètres de personnes chantant, dansant et agitant des drapeaux du Liberia se sont formées en direction du stade.
George Weah succède à Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue chef d’Etat en Afrique en 2005, qui quitte le pouvoir après deux mandats de six ans.
Mme Sirleaf est parvenue à maintenir la paix après une guerre civile particulièrement atroce qui a fait quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003. Mais son bilan économique est social est moins brillant et l’extrême pauvreté reste répandue dans le pays, classé parmi les derniers pays au monde en termes de santé, d’éducation et de développement.
Les chefs d’Etat du Gabon, Ali Bongo, et du Ghana, Nana Akufo-Addo, ont été parmi les premiers à rejoindre dans la tribune d’honneur Ellen Sirleaf et le vice-président sortant Joseph Baoakai, battu par George Weah lors du second tour le 26 décembre.
Des amis et anciens collègues footballeurs de George Weah, 51 ans, ex-attaquant vedette de Monaco, du PSG et du Milan AC, dont la star camerounaise Samuel Eto’o, étaient également présents.
Weah, seul Africain à avoir remporté le Ballon d’Or, en 1995, a fait son entrée vers 11H00 (GMT et locales), vêtu d’une tunique blanche et accompagné de son épouse Clar et de ses enfants, dont son fils Timothy, sous contrat avec le PSG.
« C’est un des jours les plus excitants de ma vie », explique Benjamin Bee, un étudiant de l’Université du Liberia de 21 ans, en attendant la prestation de serment.
« L’homme que je soutiens à présent, le président Weah, est une icône et c’est un exemple pour moi », a-t-il ajouté.
Beaucoup nourrissent l’espoir d’un véritable changement dans leur vie quotidienne, notamment en matières d’emploi et d’éducation.
« C’est la première fois que j’assiste au Liberia à un transfert pacifique du pouvoir », déclare Samuel Harmon, un marchand ambulant de 30 ans, à Monrovia. « Tout l’espoir de ce peuple et de ce pays repose sur lui (Weah). Chacun pense que s’il échoue, la majorité des gens seront déçus des hommes politiques ».
Lors d’une messe dimanche à Monrovia, MM. Weah et Sirleaf ont affiché leur unité après une dure campagne électorale.
La période de transition a été considérablement raccourcie par la contestation des résultats du premier tour, le 10 octobre, qui a retardé de sept semaines la tenue du second.
L’investiture « implique la continuité et aussi une réponse aux défis » du Liberia, a affirmé dimanche à l’AFP Mme Sirleaf.
La transformation d’une économie en récession et encore largement dépendante du caoutchouc et du minerai de fer et la réponse aux espoirs d’emplois des jeunes qui l’ont porté au pouvoir figurent parmi les premiers défis du nouveau président.
George Weah a appelé à ne pas le considérer que « comme un ancien footballeur », soulignant son aspiration à « l’excellence ». « Je peux réussir », a-t-il déclaré samedi à des journalistes, réaffirmant que sa priorité était de maintenir la paix.
Des observateurs expriment cependant des doutes sur sa capacité à changer les pratiques politiques dans son pays.
« Il est peu probable qu’il nomme un gouvernement resserré d’experts, comme il l’a annoncé après sa victoire », écrit dans un rapport Malte Liewerscheidt, analyste pour l’Afrique d’un cabinet de conseil basé à Londres, estimant que les choix du nouveau président risquent d’être dictés par « des dettes politiques et personnelles ».