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Tandis que les ténèbres ourdissaient un nouveau ballet putschiste sous les tropiques ouagalaises, l’Histoire, lasse de se répéter en farce après avoir été tragédie, a vacillé une fois encore sur le fil du sabre. Et si la tentative de renversement du Capitaine Ibrahim Traoré n’a été qu’un pétard mouillé, l’odeur acre de la poudre postcoloniale flotte, tenace, dans les couloirs de l’État.
Derrière les rideaux épais des chancelleries bienveillantes, des mains gantées d’humanisme tricotent depuis Paris des scénarios d’effondrement : on maquille la trahison en libération, l’intervention en assistance, et le pillage en partenariat stratégique. Déjà, ils avaient crucifié Sankara, démantelé Kadhafi, expédié Gbagbo en résidence pénale à La Haye pour dix années d’errance judiciaire. Faut-il ajouter Traoré à cette funeste galerie des insoumis dérangeants ?
Le Capitaine, stoïque héritier du feu Sankara, incarne aujourd’hui cette Afrique debout, réfractaire à la courbette diplomatique, allergique aux pantins d’ambassades et aux servitudes volontaires. Sa ligne est claire : souveraineté ou néant. Ce langage, la France officielle ne le comprend que trop bien — et le redoute tout autant.
Car si la tentative de putsch ourdie dans les interstices de l’armée a échoué, c’est bien parce que les peuples, eux, ne veulent plus des marionnettes à ficelles longues tirées depuis l’Hexagone. On ne mutile pas impunément la dignité d’un continent sans provoquer un sursaut tectonique.
L’Afrique est en éveil. Le coup d’État manqué de Ouagadougou n’est pas une simple péripétie : c’est un signal, un avertissement, un miroir tendu à tous les apprentis-comploteurs en col blanc ou en treillis téléguidé. Désormais, chaque balle tirée contre un capitaine debout ricoche dans le cœur d’un continent qui ne veut plus ramper.
Avec Tchad indépendant
