Dans sa lutte effrénée contre toute dépense « inutile », Donald Trump s’en prend maintenant aussi aux médias internationaux américains. Voice of America, Radio Free Asia et Radio Free Europe en font les frais. L’administration Trump a mis en congé, samedi 15 mars, leurs salariés, s’attirant les foudres des défenseurs des libertés de la presse – mais aussi les applaudissements de certaines dictatures, contentes de ne plus être critiquées.
L’administration Trump a mis en congé, samedi 15 mars, le personnel des radios Voice of America (VOA), Radio Free Asia et d’autres médias financés par des fonds américains, au nom de sa politique de réduction du poids de l’État fédéral. Si cette suspension s’est attiré les foudres des défenseurs des libertés de la presse, pour les régimes autoritaires, en revanche, rien de plus réjouissant que de voir disparaître ces médias trop dérangeants à leur goût…
Le ministère chinois des Affaires étrangères lui-même s’en est réjoui, évoquant un bilan « notoirement mauvais » en termes de couverture sur la Chine. « Jamais, Voice of America n’a été un média équitable et impartial », écrit l’éditorialiste du Global Times, un tabloïd porte-voix du parti communiste, qui ironise : « Le soi-disant phare de la liberté a maintenant été jeté par son propre gouvernement comme un vieux chiffon sale ».
Une « usine à mensonges » selon Pékin
Pour ce quotidien nationaliste, porte-voix du parti communiste, Voice of America n’a été qu’une « machine de propagande » et une « usine à mensonges » que ce soit pour « diffamer les droits de l’Homme au Xinjiang, promouvoir l’indépendance de Taïwan ou soutenir des émeutiers hongkongais ». « Les récits de diabolisation propagés par VOA deviendront finalement la risée de l’époque », a-t-il ajouté.
Les sujets épineux abordés par Radio Free Asia incluent les abus présumés des droits humains par la Chine contre les minorités ethniques dans les régions du Xinjiang et du Tibet, ainsi que la répression des militants pro-démocratie à Hong Kong.
« Merci président Donald Trump »
Autre régime autoritaire, même réjouissance : l’ancien Premier ministre Hun Sen, qui a dirigé d’une main de fer le Cambodge pendant presque 40 ans, a remercié le président des États-Unis Donald Trump pour le gel des médias américains à l’étranger. « Merci président Donald Trump » écrit-il sur sa page Facebook dans un message accompagné de photos de leur rencontre lors d’un sommet régional aux Philippines en 2017.
« Il s’agit d’une contribution majeure à l’élimination des fausses informations, de la désinformation, des mensonges, des distorsions, de l’incitation et du chaos dans le monde », écrit celui qui n’a eu de cesse de réprimer la moindre voix critique dans son pays. En 30 ans, au moins 15 journalistes l’ont payé de leur vie. VOA et Radio Free Asia, qui disposent de canaux en khmer, font partie des derniers médias à pouvoir critiquer le gouvernement au Cambodge, dans un contexte de rétrécissement de l’espace démocratique.
Le média russe Sputnik a quant à lui affirmé que VOA et Radio Free Europe étaient à l’origine des « fausses informations » concernant le massacre présumé par les forces russes de centaines de civils ukrainiens dans la ville de Boutcha, près de Kiev. Leur suspension, ainsi que celle de Voice of America (VOA) et Radio Free Europe, risque de « bénéficier à nos adversaires communs », s’est inquiété l’Union européenne, tout comme les organisations de défense de la liberté de la presse.
Avec AFP