La Guinée n’est pas encore en campagne électorale, mais Conakry est déjà parée de posters géants du président de la junte le général Mamadi Doumbouya. Sur tous les boulevards et avenues de la capitale, des posters affichent des slogans à la gloire de l’homme fort de Conakry, sauf sur l’autoroute Le Prince qui traverse les quartiers fiefs de l’opposition. Là, des jeunes décrochent, déchirent ou même brûlent les affiches.
« Le CNRD a emprisonné nos leaders, poussé les autres à l’exil, nous ne voulons pas voir les photos du général chez nous ! » Ces mots sont ceux des jeunes de la banlieue de la capitale qui participent aux décrochages des posters de Mamadi Doumbouya.
Ibrahima Aminata Diallo, président de la coalition citoyenne CONAPED (Coalition nationale des acteurs pour la paix et le développement), s’interroge lui sur la nature de cette campagne d’affichage d’autant qu’il n’y a pas eu d’annonce de lancement d’une campagne électorale en Guinée. « On s’interroge sur la pertinence de l’affichage de ces photos… Nous pensons que, (étant donné) la situation de la Guinée, on n’a pas besoin aujourd’hui de créer ce qu’on appelle le ‘culte de la personnalité’ ».
Ibrahima Diallo dénonce le coût de ces affiches : cela représente un investissement colossal qui aurait pu être déployé autrement pendant la période de transition. « On est en train de jeter l’argent par la fenêtre… Au lieu de distribuer des billets de banque à des jeunes pour faire la propagande de la personnalité du président, je pense que la popularité c’est à travers les actions (qu’elle s’acquiert) et pas par la propagande ».
En revanche, pour les partisans du général Doumbouya, comme Djibril, cette campagne d’affichage est une bonne chose. Pour lui, l’autoroute Le Prince où les affiches sont déchirées ne représente pas toute la Guinée : « L’axe, c’est pas la Guinée, on va en mettre partout, ils n’ont qu’à déchirer, on va en mettre encore ! C’est le président Mamadi qu’il nous faut en Guinée, et il va travailler pour la Guinée ! ».
Les autorités promettent un retour à l’ordre constitutionnel en 2025 et les appels pour la candidature de Mamadi Doumbouya à la présidentielle se multiplient dans son propre camp.
Avec RFI