L’armée tchadienne a annoncé avoir achevé mardi sa contre-offensive contre Boko Haram dans la région du lac Tchad, affirmant que le groupe armé jihadiste n’a aujourd’hui plus « aucun sanctuaire sur le territoire tchadien ».
L’opération Haskanite s’est soldée par la mort de « 297 terroristes » et l’armée tchadienne déplore « 27 décès » – 24 soldats et trois civils– et « 41 blessés », a détaillé le porte-parole de l’Etat major général des armées, le général Chanane Issakha Acheik mardi, lors d’un point presse destiné à annoncer la fin des opérations. « Aujourd’hui Boko Haram n’a aucun sanctuaire sur le territoire tchadien. Les différentes opérations aériennes et terrestres ont traité simultanément et avec efficacité toutes les lignes de front et les bases arrière de ces terroristes », a-t-il ajouté.
Fin octobre, une attaque meurtrière de Boko Haram contre une base militaire du bassin du lac Tchad avait fait une quarantaine de morts dans les rangs tchadiens, selon un décompte officiel à N’Djamena, non comptabilisé dans le bilan de la riposte. En réponse à cette attaque, le président Mahamat Idriss Déby Itno avait lancé une contre-offensive qu’il dit avoir « personnellement » dirigée pendant deux semaines depuis la province du Lac pour « anéantir la capacité de nuisance de Boko Haram ».
Critiquant la « léthargie » de la Force mixte multinationale (FMM, alliance des forces armées du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun), il avait alors dit « envisager le retrait du Tchad » de cette force « compte tenu de l’absence de mutualisation des efforts » face à un « ennemi commun ». Il avait réitéré ses menaces de retrait après un nouvel accrochage de l’armée avec Boko Haram qui avait entrainé la mort de 15 militaires tchadiens mi-novembre.
Le Tchad a rompu fin janvier son accord de coopération militaire avec la France, obtenant le retrait total des troupes et la rétrocession des bases stratégiques maintenues par Paris après l’indépendance du pays en 1960. En février, des instructeurs turcs ont été déployés dans le pays, notamment pour former l’armée tchadienne à l’utilisation de drones acquis par N’Djamena, selon des sources militaires tchadiennes.
Les soldats tchadiens sont fréquemment ciblés par Boko Haram dans la région du Lac Tchad. Cette vaste étendue d’eau et de marécage située entre Niger, Nigeria, Cameroun et Tchad est parsemée d’îlots qui abritent les combattants du groupe jihadiste ou de sa branche dissidente, l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap, selon l’acronyme en anglais).
Difficile à contrecarrer du fait de la mobilité de ses hommes, l’insurrection de Boko Haram est apparue en 2009 au Nigeria. Le conflit qui a suivi a tué plus de 40.000 personnes et en a déplacé environ deux millions dans le nord-est du Nigeria, et s’est propagé aux pays frontaliers.
En mars 2020, le groupe avait mené une offensive sanglante contre une autre base militaire de la région du lac Tchad, faisant une centaine de morts, les plus lourdes pertes jamais enregistrées par l’armée tchadienne.
Avec AFP