Dieu merci, il est bien présent dans le royaume des vivants et dispose encore de toutes ses facultés dans leur plénitude totale, après de longues années de labeur et d’accomplissement personnel, de bons et loyaux services rendus à sa nation, chevillée à son corps.
Le professeur Alpha Condé n’aura pas donc à se retourner dans la tombe où l’on a voulu le précipiter face à toutes les défections dans son camp politique et les trahisons de ses protégés et soutiens d’hier. Il a juste à continuer à garder la foi dans son stoïcisme, connu de tous, à s’armer de courage et à redoubler d’efforts dans sa patience habituelle pour comprendre que beaucoup de ses compatriotes ne croient en rien, sont constants dans leurs intérêts, si changeants dans leurs choix, tributaires du moment et voulant sans cesse s’adapter à toutes les situations. Pour quelqu’un qui a mené un combat long et héroïque, avant d’accéder au pouvoir, connaît de maintes épreuves dans son parcours, il peut être traumatisant de voir les gens évoluer si vite dans leurs comportements, changer de trajectoire sans vergogne, se renier sans crier gare. Il est illusoire de s’attendre à de la reconnaissance de la part de l’espèce humaine, mais, on ne peut pas non plus s’habituer à l’ingratitude notoire ni consommer les coups bas, comme si de rien n’était. L’évidence des faits dépasse les bonnes intentions, la réalité peut s’imposer à tous, à un moment donné, mais , l’on doit se souvenir chaque fois d’où on vient, des liens anciens, des engagements d’avant pour ne pas qu’on se fasse moquer par l’histoire et maudire par l’avenir.
Or, l’on constate que dans la course aux faveurs du chef, et dans les nombreuses tentatives de reconversion, le passé a quitté les mémoires, l’avenir a déserté des consciences. Ici et maintenant, se fait valoir et prévaloir chacun dans un élan frénétique.
Argent, pouvoir, privilèges, survie sont des penchants naturels et morbides chez chacun, mais, l’histoire ne retient que ceux qui s’illustrent par le courage de leurs convictions et la force des valeurs qu’ils défendent. Le Président Alpha Condé ne manque pas de détermination dans ses luttes et n’a, à aucun moment, de sa vie monnayer son engagement ni céder d’un iota à la pression des intérêts ou encore n’a succombé aux compromissions d’alliances nécessaires. On l’aime ou le déteste comme il est, dans sa nature profonde, avec l’idée qu’il se fait du monde et ses prétentions pour son pays. Tout chez lui est inscrit dans le marbre et ne peut être altéré par l’érosion du temps ou les turpitudes des Hommes. Il sait qu’on n’est jamais seul lorsqu’on a raison et qu’il n’y a rien à gagner dans la faiblesse des capitulations.
La Guinée recule souvent, peine à avancer tout le temps parce que, justement, le pays qui reste une terre fertile pour la dictature, préfère le confort de l’allégeance systématique, la sécurité d’une soumission servile aux risques de la liberté, aux sacrifices de la dignité. Le Guinéen a perdu sa qualité de citoyen depuis qu’il a décidé de se résoudre à obéir plutôt que d’apprendre à s’indigner et se révolter. Que y a-t-il à espérer d’un peuple élevé dans l’oppression et à attendre d’élites corrompues et accomodantes, entraînées dans le sillage de réalités mouvantes par un instinct de conservation trop prononcé ?
En Guinée, seul le pouvoir attire, et compte, donc il faut le rejoindre partout où il se trouve, même en enfer, tout le temps qu’il existera. Pour la plupart des Guinéens, le chef est Roi, donc, on doit lui prêter allégeance et se plier à toutes ses volontés, qu’il faut même être capable de deviner et satisfaire à l’avance, tant qu’il sera sur le trône. Ça n’a pas commencé par le Général Mamadi Doumbouya et ça ne s’arrêtera pas à lui. Il y a toujours des mouches qui volent au-dessus du pouvoir, et des sangsues qui collent à la peau des Princes !
Trahir est dans toutes les annales politiques, parce que c’est dans la nature des hommes qui pensent y trouver leur compte mais réalisent qu’ils ne peuvent pas en tirer un honneur ni une gloire dans le temps.
Comme nul n’échappe à son destin, personne ne peut fuire son passé ni dribbler l’histoire.
Qui le sait mieux que le professeur Alpha Condé qui a plusieurs vies dont le dénominateur commun reste la constance à tout prix, la persévérance, à toute épreuve.
Par Samba Diouma Sidibé.