Qui pour succéder à Ebrahim Raïssi en Iran ? Un mois après la mort du président dans un accident d’hélicoptère, le premier tour de la présidentielle avait lieu, vendredi 28 juin, dans le pays pour lui trouver un successeur. Les résultats définitifs ont été annoncés par le ministère de l’Intérieur avec plusieurs surprises de taille.
La participation au premier tour de la présidentielle 2024, un mois après la mort du président Ebrahim Raïssi, se situe autour des 40 % soit le taux le plus faible d’une élection présidentielle en Iran depuis la révolution islamique de 1979. Pourtant, le pouvoir, mais aussi les ténors des camps modéré et réformateur ont multiplié les appels aux électeurs, Avec notre correspondant à Téhéran,Siavosh Ghazi.
Mais 60% des Iraniens ont refusé de se rendre aux urnes, signe d’un mécontentement profond dû à la dégradation de la situation économique et la répression du mouvement de protestation qui avait suivi la mort de Mahsa Amini en septembre 2022.
Selon David Rigoulet-Roze, ce taux de 40 % de participation prouve que le lien est rompu entre une partie de la population et le pouvoir : « Il y a quelque chose d’irréversible qui s’est produit, il y a une défiance avérée et cela hypothèque la survie du régime », estime le chercheur spécialiste du Moyen-Orient et rattaché à l’Institut français d’analyse stratégique, chercheur associé à l’Iris et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques.
Mobiliser les abstentionnistes
Le candidat réformateur Massoud Pezeshkian n’obtient que 40 % des voix. En face, le candidat ultraconservateur Saïd Jalili arrive en seconde position avec 38,5 % des voix. Si on ajoute à cela les 14% obtenu par le conservateur Mohamad Baquer Ghalibaf, le camp conservateur obtiendrait plus de 53 % des voix.
On s’oriente donc vers un second tour entre le réformateur Massoud Pezeshkian et l’ultraconservateur Saïd Jalili. Dans ce cas, le choix des abstentionnistes sera déterminant pour le second tour. Ces prochains jours diront si les réformateurs vont réussir à mobiliser davantage leur électorat traditionnel. Mais les choses s’annoncent plutôt difficiles.
La présence d’un candidat réformateur serait stratégique pour Téhéran
Depuis la révolution islamique de 1979, il n’y a eu qu’une seule fois un second tour, c’était en 2005 pour une présidentielle.
Pour David Rigoulet-Roze, la présence de ce candidat réformateur est stratégique pour le pouvoir iranien. « Le guide suprême poussait les gens à aller voter, puisque c’est la caution du régime. Or c’est un échec. Désormais, on a une stratégie de déverrouillage fictionnel, avec la présentation d’un réformateur. », estime le chercheur spécialiste du Moyen-Orient et rattaché à l’Institut français d’analyse stratégique, chercheur associé à l’Iris et rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques.
Avec RFI