Le parquet italien a ouvert une enquête après le suicide dans un centre de rétention d’un demandeur d’asile guinéen qui séjournait depuis plusieurs mois dans ces structures critiquées par les ONG, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
Ousmane Sylla, 22 ans, s’est pendu dimanche dans un centre de séjour pour étrangers (CPR) près de Rome. Dans un message en français sur un mur du centre, il a écrit: « Si je meurs, j’aimerais qu’on renvoie mon corps en Afrique ». Le parquet a ouvert une enquête pour « incitation au suicide » et ordonné une autopsie, selon cette source.
La mort tragique du jeune migrant débouté de sa demande a provoqué la colère des autres personnes en rétention qui ont mis le feu à des matelas et jeté des objets sur les forces de l’ordre. Le face-à-face à duré toute la journée à l’issue de laquelle ont été arrêtées 14 personnes de nationalité marocaine, cubaine, chilienne, sénégalaise, tunisienne, nigériane et gambienne, ont indiqué les carabiniers dans un communiqué.
Une centaine de personnes séjournent dans le centre de rétention en question, « un enfer » où sont privés de liberté des migrants dans des « conditions inhumaines », selon le secrétaire général du parti de centre-gauche +Europa, Riccardo Magi. Avec le Parti démocrate et l’Alliance verts et gauche, ils ont présenté lundi lors d’une conférence de presse une initiative réclamant la fermeture de ces centres. « Le système de détention en Italie s’effondre, qu’il s’agisse des centres pénitentiaires ou des CPR », a affirmé M. Magi.
La dirigeante d’extrême droite Giorgia Meloni, à la tête d’un gouvernement ultra-conservateur depuis octobre 2022, avait promis à ses électeurs de bloquer les bateaux de migrants traversant la Méditerranée pour gagner l’Europe. Mais l’an dernier, près de 158.000 personnes ont débarqué sur les côtes italiennes, en forte hausse par rapport à 2022 (105.131).
Rome a récemment signé avec l’Albanie un accord très controversé prévoyant la création de centres d’accueil pour migrants sur le sol albanais, gérés et financés par l’Italie. Un accord scellé « en l’absence de garanties adéquates en matière de droits humains », a dénoncé en décembre la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, recommandant à l’Italie de « privilégier l’amélioration des systèmes nationaux d’asile et d’accueil ».
Avec AFP