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Pour l’Union européenne, ce geste est « particulièrement hostile eu égard au partenariat et à l’engagement de longue date de l’UE et de ses États membres au Tchad ».
L’Union européenne (UE) a qualifié la décision des autorités de transition du Tchad d’expulser l’ambassadeur allemand Jan Christian Gordon Kricke de « regrettable ». « C’est un geste particulièrement hostile eu égard au partenariat et à l’engagement de longue date de l’UE et de ses États membres au Tchad, y compris dans le cadre de la transition en cours », a indiqué l’UE dans un communiqué le 12 avril.
« L’Union européenne réitère l’importance d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel et d’une transition d’une durée limitée qui garantisse le respect des droits humains et des libertés fondamentales. Un processus inclusif et soutenu par tous les acteurs civils et politiques est essentiel afin de garantir la crédibilité et la légitimité du processus en cours et par là-même la réussite de la transition », a-t-on ajouté. « L’UE continuera d’insister sur ces points qui sont des conditions importantes de son partenariat avec le Tchad », a-t-on poursuivi.
Le 7 avril, le gouvernement tchadien a « prié », dans un communiqué, l’ambassadeur allemand de « quitter le territoire tchadien dans un délai de 48 heures ». Une décision « motivée par l’attitude discourtoise et le non-respect des usages diplomatiques par l’ambassadeur d’Allemagne, tels que prescrits par la Convention de Vienne », selon N’Djamena.
Berlin a riposté par l’expulsion de l’ambassadrice tchadienne Mariam Ali Moussa. En poste depuis juillet 2021, « l’ambassadeur Kricke a exercé ses fonctions à N’Djamena de manière exemplaire et s’est engagé pour les droits de l’homme et un retour rapide du pouvoir à un gouvernement civil au Tchad », a indiqué le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères. « Cet engagement sera poursuivi par l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne au Tchad avec nos partenaires locaux », a souligné ce département dans une déclaration.
« Il ne faut pas dramatiser la situation. Il s’agit d’une situation ponctuelle liée à une personne (..) ce qui ne touche pas les relations diplomatiques entre le Tchad et l’Allemagne ni l’Union européenne, qui sont des relations fortes », a dit le porte-parole du gouvernement tchadien, Aziz Mahamat Saleh. « On espère que dans un bref délai un autre ambassadeur sera également proposé pour permettre que ces relations anciennes et historiques puissent également continuer », a-t-il déclaré à la télévision tchadienne le 12 avril.
Le 20 octobre 2022, des dizaines de personnes ont été tuées lors de violents affrontements au Tchad entre la police et des manifestants protestant contre la mainmise de l’armée sur le pouvoir, selon l’ONU qui a condamné « l’usage meurtrier de la force contre les manifestants » et demandé l’ouverture d’une enquête « impartiale ». Mobilisés à l’appel de l’opposition, les manifestants protestaient contre la décision de la junte militaire au pouvoir de prolonger de deux ans la « transition » avant la tenue d’élections générales.
Le Tchad est dirigé par le chef de la junte militaire, Mahamat Idriss Déby Itno, qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État survenu au lendemain de la mort de son père, le président Idriss Déby Itno, tué par des rebelles en avril 2021. Selon des observateurs, des critiques formulées récemment par l’ambassadeur allemand à l’encontre des autorités de transition sont à l’origine de l’expulsion.
Avec dpa-news
