Il est le secteur qui se porte mieux et qui tire l’économie nationale malgré la pandémie du coronavirus. Il s’agit des mines. Au cours de l’année 2020, la Guinée devient le 2è pays producteur de bauxite dans le monde derrière l’Australie. A cela s’ajoute, de nombreux signes encourageants constatés dans le secteur. Toutefois pour ce qui est de l’application du contenu local, c’est un grand défi pour l’Etat guinéen pour satisfaire certaines communautés abritant des sites miniers. Kolaboui, ayant connu des soubresauts cette année, est une parfaite illustration. La non réhabilitation du couvert végétal, une réalité au grand dam des activistes de la société.
Les mines sont et resteront le secteur qui s’est mieux porté en 2020. Les 17 compagnies minières ont pu résister malgré les effets néfastes du coronavirus. L’année 2020 qui s’en va nous permet de dire que les mines ont supporté les 17 pour cent du PIB produit intérieur brut. En termes de création de richesse et d’emplois, le secteur minier a participé à une valeur ajoutée de 45 pour cent de l’économie guinéenne.
L’année 2020 qui s’en va, l’on retiendra que les mines ont enregistré les 80 pour cent d’exportation depuis 5 ans et cela permet à la Guinée de se positionner. Malgré la COVID 19, le pays devient en réalité depuis novembre dernier, le 2è producteur de bauxite derrière l’Australie. Sa production de bauxite est passée de 59,6 millions de tonnes en 2018 à 70,2 millions de tonnes en 2019.
Selon l’Agence ECOFIN des données du dernier rapport de la Banque mondiale sur les perspectives du marché des produits de base, cette hausse de 18 % lui permet de ravir à la Chine sa place de deuxième producteur mondial. En effet, l’Empire du Milieu a produit l’année dernière pratiquement les mêmes volumes qu’en 2018, soit 68,4 millions de tonnes de bauxite. Pendant que la production chinoise n’augmente plus beaucoup depuis quelques années, celle de la Guinée ne cesse d’affoler les compteurs depuis 2015.
On vit peut-être l’âge d’or de la bauxite guinéenne. Et cette période faste est partie pour durer, car de nouvelles mines continuent d’entrer en service dans le pays qui accueille sur son sol de grandes compagnies minières comme Rio Tinto, SMB-Winning, ou encore Chinalco.
Pour comprendre ce positionnement de la Guinée, les économistes s’accordent à dire que de 2010 à maintenant la production de la bauxite est passée de 10 à 70 millions de tonnes par an. Ce résultat est dû aux réformes engagées par le ministère des mines sans oublier l’établissement effectif du cadre légal et réglementaire.
De nos jours, les mines représentent une véritable source d’emplois. Dans le secteur, l’on enregistre 50 mille emplois dont 16 mille directs et 34 mille indirects. En plus, 350 mille familles vivent directement ou indirectement des mines.
La valeur ajoutée étant à 45 pour cent représente une richesse non inclusive parce que tout simplement, expliquent les spécialistes en mines, le secteur minier demande de gros moyens. Hors, il existe peu de Guinéens qui ont les moyens pour investir dans la recherche, la construction des infrastructures et l’exploitation minière.
La croissance inclusive demande aussi un investissement dans des secteurs notamment l’éducation, la santé, la formation et autres services sociaux de base. Cette réalité n’est pas effective dans certaines localités abritant les sites miniers notamment Kolaboui sous-préfecture de Boké ayant connu des incidents à cause du manque d’électricité. Bilan des manifestations : De pertes en vies humaines et des dégâts matériels énormes.
Même s’il faut reconnaître les efforts de l’ANAFIC agence nationale de financement des collectivités. Cette agence bénéficie par an les 15 pour cent des redevances minières soient 15 milliards de francs guinéens. Puis, le FODEL alimenté par une partie des chiffres des sociétés minières.
L’année 2020 qui s’en va, l’on retiendra encore, l’Eta guinéen a signé avec le consortium SMB-Winning le 09 juin dernier une convention de base pour l’exploitation des blocs 1 et 2 de Simandou . Ce projet très ambitieux bénéficiera des avantages spécifiques à chaque étape de sa réalisation notamment en termes d’emplois locaux et de revenus. Sur la base des hypothèses retenues, il a été déclaré que les revenus directs de l’Etat sont estimés à 15,5 milliards de dollars sur la durée de la convention, 25 ans.
Par ailleurs, la reconstruction de l’écosystème dégradé par l’exploitation minière et artisanale est une problématique à résoudre par le ministère de l’environnement. Kintinia dans la préfecture de Siguiri, la réhabilitation est reléguée au second plan par les exploitants miniers. Dans 19 sites, il n’ y a qu’un seul réhabilité. Il part du constat des activistes de la société civile, que la réhabilitation d’un site minier paraît complexe. Pour le faire, il s’agit de procéder à un recensement des espèces locales et exotiques s’en suit alors un suivi. Malheureusement à Kintinia et dans nombreux sites notamment à Kouroussa et à Mandiana l’on constate la ruée vers l’or, ces endroits ne sont pas sécurisés.
Fatoya, un district de Siguiri, les habitants ont un avenir incertain. L’exploitation minière et artisanale a détruit tout. Les occupants, de vive voix demandent aux autorités d’agir pour un endroit qui actuellement n’a rien à envier au désert de Sahara. Pour trouver des alternatives face à ces réalités de pollution et de destruction de l’environnement, les départements des mines, de l’environnement et du budget doivent conjuguer le même verbe recommandent des acteurs de la société civile. Car ces réalités de destruction et de pollution de l’environnement se justifient par ailleurs par ce désaccord entre les ministères de l’environnement, des mines et du budget.
Djibril Bah