L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, interjettera appel vendredi contre son maintien en détention face aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) à la suite de son acquittement pour des chefs d’accusation de crimes contre l’humanité.
L’ex-homme fort du régime de la refondation âgé de 73 ans est resté derrière les barreaux malgré le fait que sa « libération immédiate » a été prononcée par les juges de la Chambre préliminaire I.
Lui et son bras droit Charles Ble Goude, tous deux jugés pour les mêmes chefs d’accusation ont été disculpés en janvier après 231 journées d’audience qui s’étalent sur près de deux ans et demi.
MM. Gbagbo et Ble Goude ont été accusés d’avoir orchestré la vague de violence après l’élection présidentielle contestée de 2010 en Côte d’Ivoire qui a débouché sur une crise post-électoral.
Les violences de la crise ont fait officiellement 3.000 morts, quelques 500.000 déplacés et un peu plus de 60.000 réfugiés dans les pays voisins.
Après la décision des juges de la Chambre préliminaire I, le bureau du procureur a demandé et obtenu que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé soient maintenus en prison.
L’équipe de Fatou Bensouda – la procureure de la CPI – soutient que Laurent Gbagbo pourrait se soustraire à la Cour et refusé de se présenter devant les juges à l’avenir.
Le procureur demande notamment des restrictions à la liberté des deux hommes.
L’idée du port d’un bracelet électronique par l’ex-président ivoirien, une limitation de mouvement à la commune qui l’accueille ou la non-participation au débat politique ivoirien sont entre autres des restrictions possibles selon certaines sources judiciaires.
Le mardi 29 janvier, les avocats de la défense ont rendu leur mémoire à la Chambre d’appel réclamant de nouveau la libération de leurs clients.
« Il convient de rappeler que Laurent Gbagbo a été acquitté le 15 janvier 2019. Qu’implique un jugement d’acquittement ? » s’interrogent les avocats.
« Il implique que l’intéressé dispose à nouveau de l’intégralité de ses droits. Il ne peut être privé d’aucun de ses droits, puisque le procès est terminé et qu’il a été acquitté. La conséquence de l’acquittement de Laurent Gbagbo est donc qu’il devrait aujourd’hui être libre de ses mouvements ».
Les juges de la Chambre d’appel auront de nombreuses questions à poser au procureur et à la défense mais la Chambre a déjà indiqué dans ses exceptions qu’elle ne vient pas rejuger Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
Pour la défense la privation de liberté de leurs clients n’a que trop duré, précisant que « c’est la première fois dans l’histoire des juridictions pénales internationales qu’une procédure de discussion relative à la mise en liberté – le temps de l’appel sur le fond – d’une personne acquittée prend autant de temps ».