Les procureurs fédéraux accusent Mohamed Touré et sa femme, Denise Cros-Touré, d’avoir asservi une jeune femme dans la banlieue de Fort Worth (Texas) pendant des années.
La victime aurait pu avoir entre 5 et 14 ans quand elle a été amenée au Texas depuis la Guinée, en 2000. Ses documents de voyage disent tout et leur contraire.
La jeune fille n’a que de vagues souvenirs du voyage, selon les enquêteurs fédéraux.
Selon le Washington Post, la victime aurait confié « à des agents spéciaux du Département d’État américain qu’elle avait gardé un souvenir impérissable de la gentille hôtesse de l’air qui lui avait donné des biscuits et un jouet lors du long trajet en avion à l’étranger, qu’elle a pris seule. »
Elle est arrivée à l’aéroport international de Dallas-Fort Worth pour rencontrer la famille Touré, qui avait organisé son voyage avec leurs proches en Guinée, selon les enquêteurs.
Les Touré l’ont amenée à leur domicile à Southlake, Texas.
Puis, durant seize ans, les procureurs affirment que Mohamed Touré et Denise Cros-Touré ont fait d’elle l’esclave domestique de la famille.
La jeune fille a dit aux enquêteurs qu’elle était née en Guinée et vivait avec sa famille dans une hutte à une seule pièce avec un toit de chaume et pas d’électricité. Un jour, alors qu’elle était jeune, son père lui a demandé si elle voulait aller travailler en ville, puis l’a amenée vivre avec la mère de Cros-Touré, a-t-elle déclaré au Département d’État.
Son travail consistait à prendre soin de la fille aveugle de la femme.
Quelques années plus tard, la famille l’a envoyée au Texas. Elle a pris des fonctions de nounou pour Cros-Touré à l’arrivée, avec le reste des tâches ménagères, selon la la plainte.
Elle commençait son travail avant que les autres enfants ne se réveillent pour l’école, entre 6h30 et 7h du matin, puis travaillait jusqu’à ce qu’ils se couchent, a-t-elle dit aux enquêteurs.
Jusqu’en 2011, date à laquelle la plus âgée a obtenu son diplôme, la plainte allègue qu’elle a dormi par terre dans l’une des chambres des enfants.
L’avocat Scott Palmer, qui représente le couple, nie ces accusations et affirme que les enfants des Touré ne se rappellent pas de tels faits.
Les témoins interrogés ont déclaré qu’ils pensaient que les Touré devaient avoir embauché une nounou, selon la plainte, disant qu’ils observaient toujours la fille travaillait et ne pensaient pas qu’elle avait des amis ou une vie à l’extérieur de la maison.
Mohamed Touré et Denise Cros-Touré ont été arrêtés sur des accusations fédérales de travail forcé d’un mineur, selon une plainte de 13 pages déposée par les procureurs américains dans le district nord du Texas.
Ils sont accusés d’avoir forcé la jeune fille à faire toutes les tâches ménagères (la cuisine, la lessive, etc.), le jardinage, la tonte de la pelouse ou encore la peinture de la maison. Sans oublier de s’occuper des cinq enfants du couple. Le tout sans salaire et parfois avec des punitions corporelles lorsque le travail était jugé insatisfaisant.
Mohamed Touré et Denise Cros-Touré sont accusés d’avoir confisqué les documents de voyage de la jeune fille pour qu’elle ne puisse pas retourner en Guinée et lui avoir refusé une éducation.
Les abus se sont poursuivis jusqu’à l’évasion de la victime en 2016 avec l’aide d’anciens voisins, selon la plainte.
Un avocat du couple a nié toutes les allégations, affirmant que la jeune femme, non identifiée dans les documents de la justice américaine, a été traitée comme une fille et incluse dans toutes les fêtes et les événements de la famille.
« La plainte est truffée d’allégations salaces, de mensonges et de mensonges », a déclaré l’avocat du couple, Scott Palmer, au Washington Post dans un courriel.
« Nous avons hâte d’accumuler une montagne de preuves pour réfuter la représentation du gouvernement de nos clients et nous sommes impatients de révéler la motivation de cette femme à mentir, trahir et tenter de détruire la famille qui l’a accueillie à la demande de son père pour une vie meilleure aux États-Unis. »
Scott Palmer a déclaré qu’il enquêtait sur les raisons pour lesquelles la jeune fille n’était pas inscrite à l’école.
« Je crois que c’était un problème compliqué de ne pas avoir de certificat de naissance ou de tutelle légale ou de papiers d’adoption », a-t-il dit.
La plainte mentionne aussi que la victime a été battue par le couple. Elle a dit aux agents spéciaux que les coups portés s’aggravaient à mesure que sa tolérance à la douleur augmentait, avec parfois l’utilisation d’un cordon électrique pour la frapper.
À certaines occasions, elle aurait été exclue de la maison en guise de punition et aurait passé la nuit dans un parc, n’ayant aucun endroit où aller, selon les enquêteurs.
La famille Touré a des liens profonds avec la République de Guinée. Mohamed Touré est le fils du premier président guinéen, Ahmed Sékou Touré, qui a occupé ce poste de 1958 jusqu’à sa mort en 1984. Information confirmée par son avocat.
Les enquêteurs du Département d’État nont pas reussi à determiner la source de revenus ou un travail stable pour Mohamed Touré ou sa femme depuis leur arrivée aux États-Unis.
Au lieu de cela, le couple s’appuie principalement sur d' »importants dépôts à l’étranger » comme revenus, selon la plainte.
Mohamed Touré et sa femme risquent 20 ans de prison s’ils sont reconnus coupables.
VOA