Conakry, le 7 Février 2018 – Diriger l’organisation panafricaine, bien que durant un an, et au-delà de tout, est un rêve réalisé par le Président de la République de Guinée, Pr Alpha Condé.
Panafricaniste engagé depuis ses années d’étudiant en France, celui qui est devenu Président de la République, après plus de 40 ans de lutte politique, a toujours cru en une Afrique capable de prendre son destin en main ; un continent responsable et capable de parler d’une seule voix. Outre d’autres panafricanistes convaincus qui l’ont précédé à la tête de l’UA, le Pr Alpha Condé a marqué l’organisation panafricaine.
Au 28ème sommet des chefs d’États et de Gouvernements de l’Union africaine (UA), à Addis-Abeba, le lundi 30 janvier 2017, le Président guinéen Alpha Condé a été désigné par ses pairs pour succéder à son homologue tchadien Idriss Déby Itno, à la présidence tournante de l’organisation.
Cette élection avait eu lieu pendant une réunion à huis clos, avant la cérémonie officielle d’ouverture du sommet proprement dit des chefs d’États, à Addis-Abeba, les 30 et 31 janvier.
« L’Afrique compte sur votre engagement et votre détermination à contribuer à corriger de nombreuses injustices, et notamment son absence au Conseil de sécurité comme membre permanent, ou encore la faible représentation de ses cadres dans les instances des Nations Unies.
Nous restons confiants que dans un proche avenir, vous nous édifierez davantage sur votre vision pour l’Afrique.
Pour l’heure, nous nous félicitons de votre initiative de mettre au cœur de votre action la quête de la paix, en accordant une attention particulière à la diplomatie préventive », disait le Président en exercice de l’UA, s’adressant au nouveau Secrétaire général des Nations Unies. Comme il l’a toujours défendu, le premier porte-parole du continent à l’international est le Président en exercice de l’UA. Cette position, le Pr Alpha Condé l’a affichée dans son premier discours à la tête de l’Organisation, comme pour dire qu’avec lui une nouvelle dynamique allait être insufflée à la marche de l’Afrique.
Présidence en exercice de l’UA à point nommé
Alpha Condé qui a toujours mis les femmes et les jeunes au cœur de ses priorités de gouvernance, a saisi cette opportunité pour exprimer ses préoccupations vis-à-vis de la jeunesse africaine :
« …Nous voulons des solutions et des alternatives pour améliorer les conditions de vie de nos populations, et offrir de prometteuses perspectives à nos jeunes… Il est de notre responsabilité commune d’améliorer les conditions de vie de ces jeunes en quête de lendemains meilleurs en dehors du continent, et de mettre fin à leurs aventures suicidaires à travers le Sahara et dans les eaux de la Méditerranée.
L’Union Africaine ne saurait justifier son existence si ses actions ne produisent aucun impact sur les conditions de vie des populations, notamment les couches les plus vulnérables.
Je me réjouis du choix de notre thème de 2017 : Tirer profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse ».
Ce thème qui vient à point nommé, nous interpelle tous, et nous devons désormais faire preuve d’imagination pour prendre les décisions qui s’imposent, et mobiliser les investissements nécessaires en faveur de notre jeunesse.
Autrement, nous serons les premières victimes de cette bombe sociale qui ne cesse de grossir jour après jour… »
Justement, durant sa présidence, le Président Alpha Condé a confié la question migratoire au Roi Mohamed VI du Maroc.
Au 5ème Sommet UA-UE, à Abidjan, en novembre 2017, ce dernier avait adressé un message en sa qualité de Leader de l’UA sur la Question de la Migration, dans lequel le Souverain chérifien a plaidé pour « un véritable Agenda africain sur la migration », à la portée pleine et entière.
Par ailleurs, il faut aussi reconnaitre que le discours du Président Alpha Condé qui prenait fonction à la tête de l’UA, était adapté au contexte des préoccupations de l’Afrique.
Le 28ème Sommet de l’UA s’avérait, aux yeux des observateurs, déterminant pour l’avenir de l’organisation et pour sa cohésion.
Tiraillé par des lignes de fracture du dossier marocain, sur la Cour pénale internationale (CPI) par les traditionnelles rivalités entre blocs régionaux, le continent allait aborder ce rendez-vous en ordre dispersé ; le tout dans un environnement international remodelé avec l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche, et dans une moindre mesure la récente prise de fonctions du nouveau Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Fort heureusement, la tempête annoncée avait été évitée. Seuls les sujets qui unissent ont été abordés, preuve de la maturité des dirigeants africains.
Le Président guinéen a été plébiscité à la tête l’Organisation ; le Maroc a marqué son retour (avec une touche indélébile de la diplomatie guinéenne, conduite par le Président Alpha Condé).
L’Afrique s’était engagée, sous le leadership du nouveau Président en exercice de l’UA, à trancher désormais les questions internationales d’une seule voix.
En prenant fonction à la tête de l’UA, le Président guinéen s’est réjoui des progrès réalisés sur la voie de la réforme de l’organisation, confiée au Président rwandais, Paul Kagamé, lors du Sommet africain de juillet 2016, à Kigali (Rwanda).
A l’occasion, le Pr Alpha Condé a estimé qu’il fallait mener jusqu’au bout les réformes préconisées par le président Paul Kagamé. Autrement dit : amener tous les Etats à tenir leurs engagements ; payer leur contribution à l’UA, équivalant à 0,2 % de leurs exportations, pour rendre autonome le fonctionnement de l’Union autonome.
Les projets et les défis
Au titre de ses projets à la tête de l’Union Africaine, le Président Alpha Condé a promis de batailler pour une institution plus forte et plus crédible, mais également d’agir pour son renforcement au sein de la grande famille africaine car, dira-t-il, « plus unis nous serons plus forts et capables de faire entendre notre voix au reste du monde. »
Outre la quête d’une autonomie financière de l’UA, le Président Alpha Condé a également été sur le front de l’indépendance énergétique du continent.
Pour lui, « L’industrialisation et la transformation structurelle dont a besoin le continent africain, ne peuvent se faire sans l’accès à l’énergie, qui reste un défi que l’Afrique peut et doit relever pour accélérer son développement… »
Au plan politico-diplomatique intérieur, Alpha Condé a été présent auprès des peuples africains en crise, au cours de 2017.
Au Kenya, au Zimbabwe, au Soudan du sud, etc., il a appelé au respect de la légalité et du droit des peuples. Il s’est fortement impliqué dans la création du G5 Sahel pour la lutte contre le djihadisme.
Comment Alpha Condé a marqué l’UA ?
Quand l’heure du bilan sonnera, l’accent sera mis sur ce qui a marqué la présidence du Pr Alpha Condé à la tête de l’UA.
D’abord, le Président guinéen qui a toujours clamé haut et fort la maturité du continent, et sa place dans le nouvel ordre économique mondial, appelant notamment à couper ‘‘le cordon ombilical’’, n’a cessé de matérialiser ses déclarations.
Le Président Alpha Condé appelle à regarder désormais l’Afrique comme un véritable partenaire et non un continent nécessiteux et mendiant.
Pour lui, les discussions doivent véritablement se dérouler sur la base d’intérêts communs et stratégiques des parties. D’où l’appel, ci-dessus, d’une représentativité de l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations Unies, comme membre permanent.
Ensuite, l’unité au sein de la famille africaine et l’agrandissement de la famille par le retour du Maroc.
Certains diront que le retour du Maroc, et la présidence en exercice du Président guinéen, ont été une coïncidence. D’autres par contre, affirmeront le contraire, soutenant le travail ardu de la diplomatie guinéenne pour ramener le Royaume chérifien au sein de l’UA, d’autant plus que l’on sait, que le Président Alpha Condé a toujours condamné l’absence du Maroc au sein de l’UA.
Enfin, le Président Alpha Condé a apporté une innovation à la présidence tournante de l’UA : la responsabilisation d’autres Chefs d’Etats pour gérer les questions de l’heure et la représentativité du continent dans les Sommets avec les puissances occidentales (désormais, tous les chefs d’Etats africains ne devront plus se déplacer pour un sommet avec un pays occidental).
Outre le problème de la Migration, ‘’confié’’ à Mohamed VI, et celui des réformes des institutions de l’Union à Paul Kagamé, d’autres questions de l’heure ont été confiées à plusieurs Chefs d’Etats africains : le Nigérien Mahamadou Issoufou pour le libre-échange, le Tchadien Idriss Déby Itno pour la jeunesse, et d’autres portefeuilles à l’Ougandais Yowery Mouseveni, et le Sud-africain Jacob Zuma.
Le Président guinéen a bataillé dur pour jouer sa partition et tracer une nouvelle voie pour l’Afrique ; l’héritage sera-t-il assumé par ses successeurs, et amélioré au bénéfice des générations futures ?
En tout cas, pour ce départ, l’optimisme existe avec le Rwandais Paul Kagamé, auquel Pr Alpha Condé passera la main ! Ce dernier a été un partenaire stratégique du Guinéen dans la conduite de son mandat durant 2017.
CCG