Les Etats-Unis réclament une réduction de 250 millions de dollars pour le prochain budget de fonctionnement biennal de l’ONU 2018-2019, et ont proposé plusieurs coupes, a appris mardi l’AFP de sources diplomatiques.
Ce budget des activités régulières, pour le personnel et les équipements d’infrastructure, en cours de discussions, doit être approuvé par les 193 Etats membres avant la fin décembre.
Pour les deux prochaines années, les services de l’ONU ont estimé leurs besoins à 5,4 milliards de dollars, en intégrant déjà une baisse de 200 millions de dollars par rapport au budget 2016-2017.
Le secrétariat de l’ONU emploie quelque 40.000 personnes recrutées dans le monde entier. Premier contributeur, les Etats-Unis paient 22% de ce budget de fonctionnement.
« Les Etats-Unis ont fait part aux Etats membres de l’ONU de leur volonté de voir le budget diminuer de 250 millions de dollars », ont indiqué à l’AFP deux diplomates sous couvert d’anonymat. Ils souhaitent une réduction d’environ « 5% » mais qui est quasi-impossible à réaliser, selon un troisième diplomate.
Selon plusieurs sources diplomatiques, les Etats-Unis ont détaillé à l’appui de leur demande les « coupes » possibles. Elles pourraient toucher les missions politiques spéciales de l’ONU – Palestine, Libye ou Afghanistan -, le service communication, intervenir dans le domaine du développement et se traduire aussi par un gel du recrutement et des salaires du personnel.
La mission américaine à l’ONU a refusé tout commentaire. Une réaction de l’ONU n’a pu être obtenue dans l’immédiat.
Selon un diplomate s’exprimant lui aussi sous couvert d’anonymat, l’Union européenne a proposé de son côté une réduction du budget de « 170 millions de dollars ». « C’est classique », indique une autre source diplomatique: « Il y a toujours deux blocs, les Etats-Unis et l’Union européenne qui veulent baisser le budget et le reste qui ne veut pas ».
Interrogée, la représentation diplomatique de l’Union européenne auprès de l’ONU a aussi refusé tout commentaire, arguant d’un sujet sensible et de discussions en cours.
– ‘Mammouth’ –
Le budget fonctionnement de l’ONU est séparé du budget des opérations de paix qui emploient plus de 100.000 Casques bleus dans une quinzaine de missions dans le monde. Ce dernier budget, annuel, a été adopté en juin et s’élève à 7,3 milliards de dollars.
A l’époque, les Etats-Unis avaient déjà réclamé une baisse de cette enveloppe, limitée après des négociations à 600 millions de dollars. A l’origine, Washington, également premier contributeur à hauteur de 28,5%, voulait une réduction d’un milliard de dollars.
Avec 193 pays, l’Organisation des Nations unies « est devenue un monstre et un millefeuille avec des aberrations », jugent certains experts, qui relativisent toutefois son véritable coût. Le budget des opérations de paix de l’ONU représente seulement « 0,4% des dépenses militaires mondiales », souligne ainsi l’un d’entre eux.
La nouvelle baisse financière demandée par les Etats-Unis pourrait aller à l’encontre des réformes projetées par le secrétaire général de l’ONU, le Portugais Antonio Guterres. Entré en fonctions en janvier, il s’est donné comme objectif de rendre plus efficaces les Nations unies à l’horizon 2020.
Il y a une semaine, lors d’une réunion consacrée aux finances des Nations unies, le patron de l’ONU a réclamé à ses membres davantage de flexibilité pour sa gestion de l’Organisation, avec notamment un budget de fonctionnement annuel et non plus biennal.
Les réformes proposées « ne visent pas à réduire des personnels ou faire des économies mais à rendre l’ONU plus efficace » et « nous avons besoin de simplifier » la planification budgétaire, avait-il expliqué. Antonio Guterres a demandé aux Etats membres de lui « accorder davantage d’autorité pour redéployer jusqu’à 20% des crédits » dans chaque domaine stratégique – paix et sécurité, développement et administration de l’ONU -, en fonction des impératifs dictés par le Conseil de sécurité.
Les approches américaine et de l’ONU sont différentes, estime Alexandra Novosseloff, de l’International peace institute basé à New York. « Dégraisser le mammouth pour les Etats-Unis, c’est réduire les dépenses. Pour Antonio Guterres, c’est rendre la bureaucratie de l’ONU plus agile pour mettre en oeuvre ses mandats ».
Avec AFP