Mi-novembre la Guinée est venue présenter à Paris son plan de développement économique et social et a reçu 21 milliards de dollars de promesses d’investissements. Depuis plusieurs années, la Guinée fait de gros efforts pour assainir le climat des affaires. Mais l’administration reste le point noir. Manque d’efficacité et corruption, des maux que les secteurs privé et public tentent de combattre.
Mariama Dialo Sy est femme d’affaires, elle dirige une demi-douzaine d’entreprises dans le tourisme. Et si ses rapports avec l’administration s’améliorent, ils demeurent complexes.
« Nous aimerions au niveau du secteur privé qu’il y ait plus de concertation avant de prendre certaines décisions. Parce que ça nous tombe dessus comme ça et après il faut se bagarrer pour que cela change. Et cela change souvent parce qu’en fait, les impôts c’est sur nous que cela tombe, et si on n’est pas d’accord, les réformes ne peuvent pas se faire. Donc nous aimerions qu’il y ait plus de dialogue et de concertation entre le public et le privé. »
Ces dernières années la Guinée a progressé, elle gagne par exemple 15 places en 5 ans dans le classement Doing Business de la banque mondiale, en raison des réformes entreprises. Aujourd’hui, les textes protègent les investisseurs contre l’arbitraire administratif et le gouvernement a imposé une simplification des procédures.
Kassory Fofana est ministre d’Etat en charge du partenariat public-privé et des investissements.
« – Ce qui a changé c’est que l’on a créé un tribunal des affaires, on a réduit les circuits de l’enregistrement des affaires pour la création d’entreprises. L’investisseur n’a plus à faire à des dizaines de points de péage. »
– Vous dites cela en souriant, les points de péages !
« – Oui c’est cela ! La corruption est une réalité en Afrique. Et pour améliorer le climat des affaires, il faut simplifier les circuits et donc réduire ces points de péages qui sont des points de corruption. »
Mais les patrons guinéens attendent encore davantage de réformes. Et notamment une baisse de l’impôt sur les sociétés. Youssouf Diallo dirige une société de logistique portuaire, Transmar.
« C’est sûr que l’IS, l’impôt sur les sociétés, est encore un peu élevé. Et je pense que le ministre du Budget qui n’arrête pas d’en parler, va élargir l’assiette d’imposition pour qu’on touche un peu plus de monde et que l’impôt ne soit pas concentré sur le secteur formel uniquement. Et à ce moment-là, rien n’empêcherait que l’impôt sur les sociétés voit une relative baisse. »
La réforme de l’administration guinéenne est une priorité pour le gouvernement. De son succès dépendra celui des réformes entreprises par le président Alpha Condé.
RFI